“Yasuhiro Ishimoto. Des lignes et des corps” : la nouvelle exposition du BAL à découvrir – Prolongée jusqu’au 22 décembre
Du 19 juin au 22 décembre 2024, LE BAL présente une figure remarquable de l’histoire de la photographie japonaise méconnue en France : Yasuhiro Ishimoto (1921-2012). Pour la première fois en Europe, l’exposition, organisée en étroite collaboration avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center au Museum of Art, Kochi au Japon, rassemblera 169 tirages d’époque.
Le parcours de l’exposition se concentrera sur les premières décennies de l’œuvre d’Ishimoto, entre Chicago et le Japon. Figure clé des années 50 et 60, Ishimoto sera considéré comme “visuellement bilingue” par sa capacité à allier l’approche formelle du Nouveau Bauhaus à la quintessence de l’esthétique japonaise, sans jamais renoncer à un regard critique sur les questions sociales de son époque.
“… Yasuhiro Ishimoto est visuellement bilingue : japonais par sa culture, oriental dans sa manière de voir et occidental par sa formation au Chicago Institute of Design (centre de la tradition Bauhaus), il parle anglais avec un accent allemand”. — Minor White
Cette alchimie singulière est le fruit d’un parcours unique : né de parents japonais en 1921 à San Francisco, puis élevé jusqu’à l’âge de 17 ans au Japon, Ishimoto retourne aux États-Unis en 1939. Interné dans les camps regroupant les américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor, il est libéré et intègre l’Institute of Design de Chicago en 1948. Cinq ans plus tard, il retourne au Japon et devient une figure majeure de la scène photographique japonaise, incarnant “un modernisme intellectuel et austère qui nous a largement inspirés… Ses chemins de pierre évoquaient des sculptures de Brancusi… Ishimoto jetait sur le monde un regard radicalement nouveau” (Ikko Tanaka).
Au cours de la même période, il ouvre la voie à de nouvelles façons de concevoir le livre de photographie avec la parution d’un des ouvrages les plus importants de l’histoire de la photographie japonaise: Someday, Somewhere (1958).
“L’œil d’Ishimoto, le plus sérieux qui soit, dépourvu de sentimentalité, amène à la surface de l’image des choses profondes et difficiles à saisir, alignées les unes avec les autres dans l’espace du cadre. D’une extrême précision dans l’art de couper dans le flux sans cesse mouvant de la rue, des passants, des jeux d’enfants, il se joue avec brio du vide et du plein en tension dans l’image, dans la logique spatiale du ma. L’œuvre d’Ishimoto est empreinte de tout cela : la grâce d’une géométrie sans pesanteur, l’apparence des faits sans posture de témoin, l’évidence d’un art sans affectation. En prise directe avec l’essence des choses, c’est pourtant de la retenue avec laquelle Ishimoto instaure une distance avec son sujet qu’émane de ses images une sensation profonde d’isolement, d’abandon. À regarder ses scènes de Chicago ou Tokyo, d’une beauté si ordonnée, si vibrante, on comprend qu’il devint, pour emprunter les mots de Stefan Zweig, un intermédiaire tout à fait extraordinaire entre Orientaux et Occidentaux, un homme à double dimension, capable d’une part de contempler de l’extérieur avec étonnement et respect, le côté étranger de cette beauté, et de l’autre de la représenter et de nous la faire comprendre comme allant de soi, comme une beauté vécue de l’intérieur et devenue sienne.”
Diane Dufour, commissaire de l’exposition
Extrait du texte d’introduction du livre Ishimoto. Des lignes et des corps co-édité par LE BAL et Atelier EXB.
Commissariat d’exposition : Diane Dufour avec Mei Asakura, conservatrice au Ishimoto Yasuhiro Photo Center.
Autour de l’exposition
Ishimoto, Des lignes et des corps
Co-édition : LE BAL et Atelier EXB
216 pages
Format: 21,8 x 28,7 cm
Prix de vente: 55 €
Textes inédits de Diane Dufour, Agathe Cancellieri, Yasufumi Nakamori et Mei Asakura.
[Source : communiqué de presse]
Articles liés
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...